Compte tenu de l’odeur indubitablement forte qui se dégage dès qu’on ouvre un flacon, il n’est pas surprenant pour la plupart que le vernis à ongles contienne un mélange d’ingrédients peu recommandables. Parmi ces ingrédients, on trouve des solvants, des plastifiants, des polymères adhésifs et d’autres ingrédients aux noms obscurs et à l’odeur nauséabonde qui permettent d’obtenir le revêtement durable et brillant que nous désirons. Ce que beaucoup de gens ne réalisent pas, cependant, c’est que ces produits peuvent en fait mettre notre santé en danger.
Caché derrière les couleurs brillantes et les noms fruités se trouve un mélange nocif d’éléments toxiques qui peuvent pénétrer dans notre système sanguin par le lit de l’ongle et provoquer des effets néfastes sur la santé. Une nouvelle étude menée récemment par l’Université Duke et l’Environmental Working Group révèle que l’un de ces éléments est le phosphate de triphényle (TPHP), un perturbateur endocrinien potentiel. Toutes les femmes ayant participé à l’étude présentaient des traces de TPHP dans leur sang seulement 10 à 14 heures après s’être peint les ongles.
Il a été constaté que l’exposition au TPHP provoque des problèmes de reproduction et de développement. Il sert de plastifiant, rendant le vernis moins susceptible de se fissurer ou de s’écailler, et est couramment utilisé dans la fabrication de meubles en plastique et en mousse.
Ce qui est choquant, c’est que plus de 1 500 marques de vernis à ongles – dont Sally Hansen, OPI et Wet N Wild – listent le TPHP comme ingrédient, tandis que d’autres peuvent contenir la substance sans le divulguer.
Considérant le fait que la Food and Drug Administration américaine ne réglemente pas efficacement la sécurité des produits de soins personnels – en 2007, près de 90 % des ingrédients cosmétiques n’ont pas été évalués – il est extrêmement important que les consommateurs prennent les choses en main et s’informent sur la façon dont les cosmétiques sont produits et testés, ainsi que sur ce qu’ils contiennent. Avec la richesse des options cosmétiques existantes, il est toujours possible de trouver des remplacements appropriés qui respectent à la fois notre santé et l’environnement.
Autres risques pour la santé qui se cachent dans votre bouteille de vernis à ongles
Avec des enquêtes estimant que 97 % des filles américaines âgées de 12 à 14 ans utilisent des produits pour les ongles – y compris du vernis – et que 14 % de tous les adolescents les utilisent quotidiennement, la sécurité des produits pour les ongles est une question importante.
La plupart des vernis à ongles contiennent ce que l’on appelle désormais le « trio toxique » composé de phtalate de dibutyle (DBP), de toluène et de formaldéhyde. Tout comme le TPHP, les phtalates comme le DBP sont utilisés dans la production de plastique et il a été prouvé qu’ils perturbent les hormones et provoquent des anomalies de la reproduction. C’est pourquoi l’Union européenne a interdit son utilisation dans les cosmétiques et les jouets. Une exposition à court terme au DBP peut également provoquer des nausées et des vomissements, des maux de tête et des problèmes oculaires, et les effets à long terme peuvent inclure des dommages aux reins et au foie.
Le toluène est un solvant ajouté au vernis afin d’empêcher les pigments de se séparer de manière à créer cette finition lisse souhaitée. Un autre endroit où vous êtes susceptible de rencontrer du toluène est à la station-service, car cet ingrédient est aussi largement utilisé comme additif dans l’essence. Le toluène est un irritant cutané, qui peut également affecter le système nerveux central – provoquant entre autres une faiblesse et une confusion mentale – et des niveaux élevés peuvent même comporter des risques pour la reproduction et le développement.
Le dernier élément du trio toxique est le formaldéhyde. Cela vous semble familier ? C’est parce qu’il est couramment utilisé en taxidermie pour conserver les animaux morts et les cadavres. Il est utilisé dans les vernis comme agent de durcissement des ongles. A forte concentration, le formaldéhyde peut provoquer des irritations de la gorge et des poumons, des éruptions cutanées et des cancers.
A part le trio toxique, certains vernis à ongles contiennent de la nitrocellulose, le même composant utilisé dans la peinture automobile ainsi que dans certains explosifs, comme les feux d’artifice et la dynamite. Et lorsque vient le moment d’enlever le revêtement plastique coloré de vos ongles, l’utilisation du dissolvant – qui contient de l’acétone et de l’acétate d’éthyle irritant pour les yeux et les poumons – comporte ses propres risques pour la santé, affectant le système respiratoire et endommageant les ongles et la peau.
Le vernis à ongles et l’environnement
Si certains ingrédients utilisés dans le vernis à ongles peuvent être d’origine naturelle, cela ne signifie pas qu’ils ne comportent pas leur propre lot de risques pour la santé. Le mica, par exemple, est un minéral utilisé pour ajouter de l’éclat et de la brillance à certains vernis, mais sa production repose largement sur le travail dangereux des femmes et des enfants qui l’exploitent. Les travailleurs passant leurs journées à 20 pieds sous terre, les maladies professionnelles liées à l’extraction du mica comprennent l’asthme et la bronchite, sans parler des risques d’effondrement du sol qui peuvent blesser ou tuer les travailleurs. L’exploitation du minerai contamine également les réserves d’eau avoisinantes. Dans l’Andhra Pradesh, en Inde, la contamination des cours d’eau par l’exploitation du mica a donné lieu à des nausées, des diarrhées et des vomissements, ainsi qu’à de graves maladies pulmonaires telles que l’éosinophilie, la silicose et la tuberculose.
La plupart des composés nocifs présents dans les vernis à ongles sont préjudiciables à l’environnement, c’est pourquoi ils ne peuvent pas être jetés avec les déchets ordinaires. En fait, la plupart des villes classent les vernis à ongles parmi les déchets dangereux, ce qui les place au même niveau que les insecticides, les peintures d’intérieur et les batteries de voiture en matière de dégradation de l’environnement. Pensez-y : votre vernis couleur rubis Cherry Blossom doit être éliminé avec autant de précautions que l’huile de moteur pour éviter que sa toxicité ne se propage dans le sol et les eaux souterraines. Sans compter que ces petites bouteilles ne sont pas recyclables – en vertu à la fois du matériau dont elles sont faites et de la contamination par le vernis lui-même.
Comment choisir de meilleures options
Il y a plusieurs raisons de porter une attention particulière aux ingrédients qui se cachent dans les cosmétiques de tous les jours. Le cocktail nocif d’éléments toxiques dans les vernis, les conséquences de leur production et de leur élimination sur l’environnement et la cruauté impliquée dans la fabrication ou l’essai de la laque colorée peuvent suffire à en éloigner certaines pour de bon.
Si vous avez toujours l’intention de peindre vos ongles d’une nuance néon de quelque chose, il existe un certain nombre de ressources qui peuvent vous aider à faire de meilleurs choix de vernis. La base de données Skin Deep de l’Environmental Working Group répertorie les marques qui sont exemptes de la plupart des ingrédients à éviter et Care2 a compilé une liste de vernis à ongles non toxiques. PETA propose également un index complet des marques de beauté qui ne testent pas sur les animaux, y compris les vernis à ongles.
Si vous souhaitez renoncer aux vernis, une bonne hygiène des ongles – c’est-à-dire un nettoyage et une coupe réguliers – est le moyen le plus simple et le plus écologique d’assurer la santé des ongles. Vous pouvez également frotter vos ongles avec de l’huile végétale ou de noix pour les renforcer. Enfin, si vous êtes un fan de porridge ou de muesli, vous serez heureux d’apprendre que la consommation d’avoine est également bénéfique pour la force et la bonne santé de vos ongles.