On s’accorde sur le principe que les os sont optimisés pour résister aux charges quotidiennes. Ceci n’a jamais été vérifié pour le tibia humain. L’une des principales composantes de la charge dans le tibia in vivo est une charge en porte-à-faux (avec un moment de flexion variant linéairement, avec sa plus grande composante dans le plan sagittal). Nous avons étudié si la section transversale de la diaphyse et sa variation le long du tibia en font une structure optimisée par rapport à de telles charges. Six tibias cadavériques ont été scannés. La géométrie et les propriétés des matériaux ont été extraites des CT-scans, et analysées le long des tibias. Une variation linéaire le long du tibia a été trouvée pour les seconds moments d’aire et d’inertie, et le module de section dans le plan sagittal (légèrement moins linéaire dans le plan frontal). En revanche, les autres propriétés (moments polaires et section are) étaient beaucoup moins linéaires. Ceci suggère que la structure est optimisée pour résister à un moment de flexion qui varie linéairement le long du tibia. Les tibias ont été équipés de 28 jauges de contrainte triaxiales chacun. La déformation a été mesurée sous une charge en porte-à-faux dans les plans sagittal et frontal, sous une flexion quasi-constante dans les plans sagittal et frontal, sous une charge en torsion et avec une force axiale. La distribution des déformations était remarquablement uniforme lorsque la charge en porte-à-faux était appliquée dans le plan sagittal et légèrement moins uniforme lorsque la charge en porte-à-faux était appliquée dans le plan frontal. Les variations de déformation étaient d’un ordre de grandeur supérieur pour toutes les autres configurations de chargement. Cela montre que le tibia est une structure à contrainte uniforme (c’est-à-dire optimisée) pour la charge en porte-à-faux.