La diplopie est diagnostiquée principalement par les informations fournies par le patient. Les médecins peuvent utiliser des tests sanguins, des examens physiques, une tomographie assistée par ordinateur (CT) ou une imagerie par résonance magnétique (IRM) pour trouver la cause sous-jacente.
ClassificationEdit
L’une des premières étapes du diagnostic de la diplopie est souvent de voir si l’une des deux principales classifications peut être éliminée ; les deux peuvent être présentes. Cela implique de bloquer un œil pour voir quels symptômes sont évidents dans chaque œil seul.
BinocularEdit
La diplopie binoculaire est une double vision survenant à la suite d’un strabisme (en termes profanes « cross-eyed »), le mauvais alignement des deux yeux l’un par rapport à l’autre, soit une ésotropie (vers l’intérieur) ou une exotropie (vers l’extérieur). Dans ce cas, alors que la fovéa d’un œil est dirigée vers l’objet du regard, la fovéa de l’autre est dirigée ailleurs, et l’image de l’objet du regard tombe sur une zone extrafovéale de la rétine.
Le cerveau calcule la direction visuelle d’un objet en fonction de la position de son image par rapport à la fovéa. Les images qui tombent sur la fovéa sont perçues comme étant directement en avant, tandis que celles qui tombent sur la rétine en dehors de la fovéa peuvent être perçues comme étant au-dessus, au-dessous, à droite ou à gauche de la ligne droite en fonction de la zone de la rétine stimulée. Ainsi, lorsque les yeux sont mal alignés, le cerveau perçoit deux images d’un même objet cible, car l’objet cible stimule simultanément des zones rétiniennes différentes, non correspondantes, dans l’un ou l’autre œil, produisant ainsi une vision double.
Cette corrélation de zones particulières de la rétine dans un œil avec les mêmes zones dans l’autre est connue sous le nom de correspondance rétinienne. Cette relation donne également lieu à un phénomène associé de diplopie binoculaire, bien qu’il soit rarement noté par les personnes souffrant de diplopie. Comme la fovéa d’un œil correspond à la fovéa de l’autre, les images qui tombent sur les deux fovéas sont projetées au même point dans l’espace. Ainsi, lorsque les yeux sont mal alignés, deux objets différents sont perçus comme superposés dans le même espace. Ce phénomène est connu sous le nom de « confusion visuelle ».
Le cerveau se prémunit naturellement contre la double vision. Pour tenter d’éviter la double vision, le cerveau peut parfois ignorer l’image d’un œil, un processus connu sous le nom de suppression. La capacité de suppression se retrouve notamment dans l’enfance, lorsque le cerveau est encore en développement. Ainsi, les personnes atteintes de strabisme infantile ne se plaignent presque jamais de diplopie, alors que les adultes qui développent un strabisme le font presque toujours. Si cette capacité de suppression peut sembler une adaptation tout à fait positive au strabisme, chez l’enfant en développement, elle peut empêcher le bon développement de la vision dans l’œil affecté, entraînant une amblyopie. Certains adultes sont également capables de supprimer leur diplopie, mais leur suppression est rarement aussi profonde ou aussi efficace et prend beaucoup plus de temps à s’établir. Ils ne risquent donc pas de compromettre leur vision de façon permanente. Dans certains cas, la diplopie disparaît sans intervention médicale, mais dans d’autres cas, la cause de la double vision peut encore être présente.
Certaines personnes atteintes de diplopie qui ne peuvent pas obtenir de fusion et qui pourtant ne suppriment pas peuvent présenter un certain type de mouvement irrégulier des yeux ressemblant à un spasme à proximité du point de fixation (voir : Horror fusionis).
MonocularEdit
La diplopie peut également se produire lors de la visualisation avec un seul œil ; on parle alors de diplopie monoculaire, ou lorsque le patient perçoit plus de deux images, de polyopie monoculaire. Si des causes graves peuvent rarement être à l’origine des symptômes de la diplopie monoculaire, c’est beaucoup moins souvent le cas qu’avec la diplopie binoculaire. Le diagnostic différentiel de la perception d’images multiples comprend la prise en compte de conditions telles que le kératocône de la surface cornéenne, la subluxation du cristallin, un défaut structurel à l’intérieur de l’œil, une lésion du cortex visuel antérieur ou des conditions non organiques, mais des modèles optiques basés sur la diffraction (plutôt que sur la géométrie) ont montré que des conditions optiques courantes, en particulier l’astigmatisme, peuvent également produire ce symptôme.
TemporaryEdit
La diplopie binoculaire temporaire peut être causée par une intoxication à l’alcool ou des blessures à la tête, comme une commotion cérébrale (si la double vision temporaire ne se résout pas rapidement, il faut consulter immédiatement un optométriste ou un ophtalmologiste). Elle peut également être un effet secondaire des benzodiazépines ou des opioïdes, en particulier s’ils sont utilisés à fortes doses à des fins récréatives, des antiépileptiques phénytoïne et zonisamide, et de l’anticonvulsivant lamotrigine, ainsi que de l’hypnotique zolpidem et des médicaments dissociatifs kétamine et dextrométhorphane. Une diplopie temporaire peut également être causée par des muscles oculaires fatigués ou tendus. Si la diplopie apparaît avec d’autres symptômes tels que la fatigue et la douleur aiguë ou chronique, le patient doit consulter immédiatement un ophtalmologiste.
VolontaireEditer
Certaines personnes sont capables de découpler consciemment leurs yeux, soit en faisant une mise au point trop rapprochée (c’est-à-dire en croisant les yeux), soit en se déconcentrant. De même, lorsqu’on regarde un objet derrière un autre objet, l’image de l’objet le plus en avant est doublée (par exemple, en plaçant son doigt devant son visage tout en lisant du texte sur un écran d’ordinateur). En ce sens, la vision double n’est ni dangereuse ni nuisible, et peut même être agréable. Elle rend possible la visualisation de stéréogrammes.
La diplopie monoculaire peut être induite chez de nombreux individus, même ceux dont la vue est normale, par de simples expériences de défocalisation impliquant des lignes fines et très contrastées.