c. 1567
Brouage, France
Le 25 décembre 1635
Québec, Nouvelle-France (aujourd’hui Canada)
Explorateur français
» …. Je me rendis à Québec, où vinrent quelques sauvages algonquins, exprimant leur regret de n’avoir pas assisté à la défaite de leurs ennemis, et me présentant quelques fourrures, en considération du fait que j’y étais allé et que j’avais aidé leurs amis. »
Samuel de Champlain.
En 1608, l’explorateur français Samuel de Champlain visita la Nouvelle-France, une colonie française d’Amérique du Nord qui devint la province de Québec, au Canada. En l’espace de quatre ans, il avait convaincu le gouvernement français que les terres d’Amérique du Nord présentaient un grand potentiel de colonisation et de développement commercial. Champlain a fait douze voyages en Nouvelle-France pour explorer et consolider les possessions françaises dans le Nouveau Monde (terme européen désignant l’Amérique du Nord et du Sud). Il a écrit six livres sur ses expéditions et sur l’importance de la nouvelle colonie française. Servant pendant un certain temps comme lieutenant du roi en Nouvelle-France, il vit l’établissement de Québec sur les deux rives du fleuve Saint-Laurent. Aujourd’hui, Champlain est considéré comme le père de la Nouvelle-France et le fondateur de Québec.
- Devenir navigateur
- Je me joins à l’expédition vers la Nouvelle-France
- Exploration de l’actuelle Nouvelle-Angleterre
- Fondation de la ville de Québec
- Nommé lieutenant en Nouvelle-France
- Champlain décrit la torture
- Position menacée par la politique
- Québec devient stable
- Jean Nicolet fait la paix avec la tribu des Winnebago
- Pour de plus amples recherches
Samuel de Champlain est né dans la petite ville portuaire de Brouage, sur la côte ouest de la France, vers 1567. On pense qu’il est né protestant et qu’il s’est à un moment donné converti au catholicisme romain pendant les guerres de religion (également connues sous le nom de guerres hugenotes ; 1562-98). Cette période d’âpre rivalité entre les protestants (membres de la religion chrétienne protestante, qui s’est formée en opposition à l’Église catholique romaine) et les catholiques (membres de l’Église catholique romaine, une religion chrétienne basée à Rome, en Italie, et dirigée par un pape qui a l’autorité suprême dans toutes les affaires de l’Église) allait déterminer la religion dominante en France. Très jeune, Champlain prend la mer pour apprendre la navigation et la cartographie (la rédaction de cartes et de plans). Jusqu’en 1598, il combat en tant que sergent aux côtés du roi protestant Henri IV dans les guerres de religion. Après son service militaire, il travaille comme navigateur lors d’un voyage vers les Antilles. Bien que Champlain soit né roturier (personne qui n’est pas de rang noble), sa réputation de navigateur lui vaut un titre honorifique à la cour d’Henri.
Je me joins à l’expédition vers la Nouvelle-France
En 1603, Champlain est invité à se joindre à l’expédition de François Gravé Du Pont pour visiter le fleuve du Canada, maintenant connu sous le nom de fleuve Saint-Laurent. Le groupe de l’expédition débarque à Tadoussac, un poste de traite estival où la rivière Saguenay se jette dans le Saint-Laurent. Champlain navigue avec l’expédition et passe devant les sites actuels de Québec, Trois-Rivières et Montréal. Il a immédiatement compris que ces terres pouvaient être colonisées par des citoyens français et fournir à la France de nombreuses ressources et une grande richesse. Champlain apprend également l’existence des Grands Lacs. Les Français ont trouvé ces terres peu peuplées d’Amérindiens, dont certains étaient amicaux envers les Européens et d’autres hostiles. Champlain a écrit sur les coutumes des Amérindiens dans un rapport qui a été publié en France.
De retour à Tadoussac, l’expédition a navigué autour de la péninsule de Gaspé dans une région que Champlain a appelée Acadie (probablement nommée d’après Arcadie, le paradis mythique des Grecs anciens). Champlain a exhorté le gouvernement français à explorer l’Acadie, aujourd’hui connue sous le nom de Nouvelle-Écosse. La région aurait de riches gisements de minerais et certains spéculent qu’elle pourrait même être la clé pour trouver l’insaisissable passage du Nord-Ouest (la route maritime entre les océans Atlantique et Pacifique que les grandes puissances mondiales recherchent depuis longtemps).
A la suite de ses efforts impressionnants en Nouvelle-France, Champlain a été choisi en 1604 pour être le géographe d’une expédition en Acadie afin de trouver le meilleur site pour la colonisation. Dirigé par le lieutenant-général Pierre du Gua, sieur de Monts, qui avait le monopole (possession ou contrôle exclusif) du commerce des fourrures dans la région, le groupe de colons s’est rendu en Acadie. Longeant la côte du Nouveau-Brunswick, ils s’arrêtent à la rivière Sainte-Croix et construisent un petit fort sur un site qui se trouve aujourd’hui presque exactement à la frontière entre les États-Unis et le Canada. Le premier hiver fut un quasi-désastre pour le groupe d’expédition. Outre les conditions météorologiques difficiles, près de la moitié du groupe est morte du scorbut (une maladie causée par un manque de vitamine C dans l’alimentation). L’hiver suivant, ils ont traversé la baie de Fundy pour se rendre à Port Royal, maintenant appelé Annapolis Royal, en Nouvelle-Écosse. Cela allait devenir la principale colonie des Acadiens français.
Exploration de l’actuelle Nouvelle-Angleterre
Au cours des trois années suivantes, Champlain a voyagé seul, essayant de trouver un site idéal pour la colonisation. Il a navigué le long de la côte de l’actuel Maine et s’est rendu jusqu’à 150 miles à l’intérieur des terres. Lors d’un autre voyage, il a longé la côte de la Nouvelle-Angleterre jusqu’à l’île qui est aujourd’hui Martha’s Vineyard, au large de Cape Cod. Bien que les Anglais aient exploré la même région et aient fini par établir la colonie de Plymouth en 1620, Champlain a été le premier Européen à donner un compte rendu détaillé de la région. On lui attribue également la découverte de l’île du Mont-Désert ainsi que de la plupart des rivières principales du Maine.
Comme les Français ne trouvaient pas de zone propice à la colonisation, ils retournèrent en Acadie pour construire un fort plus permanent à Port Royal. De Monts est retourné en France et Champlain est resté avec les colons en Acadie. En septembre 1606, il entreprend un autre voyage vers le sud, jusqu’à l’État actuel du Rhode Island. Au cours de l’hiver suivant, les Français tirent le meilleur parti de leur situation isolée en formant l’Ordre de Bon Temps, qui organise des banquets, des jeux et des spectacles d’amateurs. En 1607, lorsque Henri IV annule les privilèges commerciaux de de Monts, toute la colonie est obligée de rentrer en France. Avant de quitter le Nouveau Monde, Champlain avait cartographié avec précision la côte atlantique de la baie de Fundy au cap Cod.
Fondation de la ville de Québec
Champlain était déterminé à retourner en Nouvelle-France, cette fois à ses propres conditions. En 1608, il avait obtenu un soutien financier pour son projet le plus ambitieux dans le Nouveau Monde, le début d’une colonie permanente à Québec. Arrivé en juillet, le groupe, qui comprend trente-deux colons, construit un fort et affronte son premier hiver rigoureux. Seulement neuf personnes survivent pour accueillir les renforts qui arrivent en juin de l’année suivante. Ce printemps-là, Champlain poursuit son exploration du Canada en remontant le Saint-Laurent et le Richelieu jusqu’à un lac qui porte aujourd’hui son nom, le lac Champlain. En 1609, il se joint à la tribu huronne et à ses alliés dans une grande bataille contre une bande d’Iroquois en maraude (raid) sur le lac Champlain, près de l’actuelle Crown Point, dans l’État de New York. Les Français et les Hurons ont vaincu les Iroquois, commençant ainsi 150 ans d’hostilités entre les Français et les Iroquois, l’une des plus puissantes nations tribales d’Amérique du Nord.
Nommé lieutenant en Nouvelle-France
En 1612, Champlain est retourné en France. Sur la base de son rapport, le roi décide de faire de Québec le centre de la traite française des fourrures en Amérique du Nord. Champlain a fourni un compte rendu de cette rencontre dans Voyages de Samuel de Champlain, 1604-1618 (publié par Scribner, 1907). Il écrit:
Je lui ai rapporté en détail tout ce qui s’était passé relativement aux quartiers d’hiver et à nos nouvelles explorations, ainsi que mes espoirs pour l’avenir, compte tenu des promesses des sauvages appelés Ochasteguins…. Après que j’eus terminé mon entretien avec Sa Majesté, le sieur de Monts se détermina à se rendre à Rouen pour y rencontrer ses associés. . . . Ils résolurent de continuer la colonisation, et de terminer les explorations jusqu’au grand fleuve Saint-Laurent, conformément aux promesses des Ochasteguins.
A peu près au moment de sa rencontre avec le roi, Champlain épouse Hélène Broullé, la fille du secrétaire de la chambre du roi. Au cours des années suivantes, il fait de fréquents allers-retours entre le Québec et la France. En Nouvelle-France, il poursuit ses explorations et tente d’entretenir la colonie de Québec, mais les nombreuses intrigues politiques en France requièrent toutes ses compétences diplomatiques et une grande partie de son temps et de son énergie. Par exemple, lorsque le commerce des fourrures s’est effondré, il a dû rassembler des appuis pour la colonie. Il est sorti vainqueur de cette escarmouche, ayant été nommé lieutenant en Nouvelle-France par le nouveau roi, Louis XIII.
Champlain décrit la torture
Dans ses Voyages de Samuel de Champlain, 1604-1618, Champlain fournit un compte rendu détaillé des suites de la bataille victorieuse que les Hurons et leurs alliés ont menée contre les Iroquois en 1609. Il décrit la torture d’un prisonnier iroquois par les Hurons, une pratique courante chez les Amérindiens au XVIIe siècle. Alors que les Hurons procèdent à la torture de l’homme, Champlain énumère les différentes techniques utilisées, notamment le marquage au fer rouge, le scalpage et la mutilation. Champlain admet qu’il était difficile de voir un autre être humain souffrir, mais il décrit aussi avec admiration la force de la victime qui faisait preuve d’une « telle fermeté qu’on aurait dit, par moments, qu’elle ne souffrait presque pas ». De toute évidence, il était de coutume chez les guerriers des deux camps de ne pas montrer de réaction à la douleur.
Lorsque Champlain tourne le dos à la torture, les Hurons lui permettent de tuer le prisonnier en lui tirant dessus avec un mousquet. Ensuite, ils ont effectué des mutilations rituelles du cadavre qui comprenaient la coupe de la tête, des jambes et des bras. Champlain explique qu’après le rituel, « nous avons pris le chemin du retour avec le reste des prisonniers, qui ne cessaient de chanter en chemin, n’ayant pas de meilleurs espoirs pour l’avenir que lui qui avait été si misérablement traité. » Malgré ses sentiments sur le spectacle brutal, Champlain conclut son récit en disant que lorsque les Français, les Iroquois et les Hurons sont allés chacun de leur côté, ils se sont séparés « avec de fortes protestations d’amitié mutuelle. »
Lorsque Champlain est retourné au Canada en 1613, il a exploré la rivière des Outaouais jusqu’à l’actuelle île Allumette, ouvrant la route qui allait devenir la principale voie fluviale vers les Grands Lacs pour les deux siècles suivants. À cette époque, les Français avaient conclu des traités favorables avec de nombreuses tribus amérindiennes, et le commerce des fourrures prospérait. En 1615, il revint de France avec les premiers missionnaires catholiques romains, venus convertir les Amérindiens au christianisme. Au cours de cet été, il voit les Grands Lacs pour la première fois.
Position menacée par la politique
Les Iroquois représentaient un réel danger pour les colons français. Lorsque les Français, alliés aux Hurons et aux Algonquins, attaquent sans succès une forteresse iroquoise sur un site situé dans l’actuelle ville de New York, Champlain est gravement blessé. Il passe l’hiver à se rétablir chez les Hurons. À son retour en France en 1616, il constate que les intrigues politiques à la cour ont une fois de plus affaibli sa position, et il perd le rang de lieutenant en Nouvelle-France. Afin de regagner ce qu’il avait perdu, il propose un plan ambitieux pour coloniser le Québec, établir l’agriculture et chercher le passage du Nord-Ouest. Il obtient le soutien du roi et passe une partie de l’année 1618 au Québec.
Les problèmes de Champlain en France ne sont cependant pas terminés. Plombé par des procès et des intrigues politiques, il fait à nouveau appel au roi pour conserver son pouvoir. Cette fois, Champlain est nommé commandant de la colonie et passe les années suivantes à essayer de renforcer la Nouvelle-France. Son autorité se renforce lorsque l’homme le plus puissant du gouvernement français, le cardinal de Richelieu, forme la compagnie des Cent Associés pour gouverner la Nouvelle-France avec Champlain à sa tête.
Québec devient stable
En 1629, Québec est attaqué et forcé de se rendre à un groupe de corsaires anglais (marins sur un navire privé transportant des marchandises). Champlain est exilé en Angleterre, où il passe les quatre années suivantes à défendre l’importance de la Nouvelle-France et à écrire des récits de sa vie. Lorsqu’un traité de paix est signé entre l’Angleterre et la France en 1632, Champlain est rétabli dans ses fonctions et retourne en Nouvelle-France. En 1634, il envoie Jean Nicolet, un trappeur et négociant français, dans l’ouest du pays pour étendre les revendications françaises dans la région qui est aujourd’hui le Wisconsin. L’expansion vers l’ouest est rendue possible grâce aux relations amicales de Champlain avec les Hurons. Bien que les déplacements vers le sud soient toujours impossibles à cause des Britanniques, Québec est une colonie française stable. En fait, elle était plus solide que la colonie anglaise de Jamestown, dans l’État actuel de Virginie (voir l’entrée John Smith). Cette progression est le résultat du succès de Champlain en tant qu’explorateur et diplomate. Souffrant de divers problèmes de santé depuis 1633, Champlain meurt à Québec le 25 décembre 1635.
Jean Nicolet fait la paix avec la tribu des Winnebago
Jean Nicolet était un Français qui vivait parmi les tribus huronnes, algonquines et nipissing depuis 1618, travaillant comme trappeur et commerçant. En 1634, l’explorateur français Samuel de Champlain envoie Nicolet en mission diplomatique auprès de la tribu des Winnebago, qui vit sur les rives de la baie Verte, dans l’État actuel du Wisconsin. Les Winnebago étant des ennemis des Algonquins, on craignait qu’ils ne commercent avec les Anglais plutôt qu’avec les Français. Comme on croyait que la route vers les Grands Lacs pouvait aussi mener à la Chine, Nicolet portait une robe chinoise brodée.
Nicolet a commencé son voyage en juillet 1634 et a emprunté la rivière des Outaouais, le lac Nipissing et la rivière des Français jusqu’au lac Huron, où il a traversé le détroit de Michilimackinac jusqu’au lac Michigan, puis est descendu jusqu’à Green Bay. Il fut le premier Européen à suivre cette route, qui devint par la suite le passage des commerçants de fourrures français vers l’ouest. L’une des grandes scènes de l’exploration nord-américaine est celle de Nicolet débarquant à Green Bay vêtu de sa robe chinoise. Impressionnant les membres de la tribu avec son costume élaboré, Nicolet réussit sa mission en signant un traité de paix entre les Winnebagos et les Français.
Pour de plus amples recherches
Armstrong, Joe C. W. Champlain. Toronto : Macmillan du Canada, 1987.
Champlain, Samuel de. Voyages de Samuel de Champlain. W. L. Grant, éd. New York : Barnes and Noble, 1952.
Morison, Samuel Eliot. Samuel de Champlain, père de la Nouvelle-France. Boston, MA : Little, Brown, 1972.
« La carte de Samuel de Champlain de 1607 ». http://lcweb.locgov/exhibits/treasures/trr009.html Disponible le 13 juillet 1999.