52f. Défis domestiques


L’élection présidentielle de 1948 opposait le démocrate Harry Truman au républicain Thomas Dewey. Le Chicago Daily Tribune était tellement convaincu de la défaite de Truman qu’il a imprimé ce titre avant même que tous les votes aient été comptés.

La pancarte sur le bureau de Harry Truman disait « the buck stops here ». Par « buck », il voulait dire « responsabilité », et les « buck » ont couru dans tous les sens sur son bureau.

La fin de la Seconde Guerre mondiale a apporté une série de défis à Harry Truman. L’économie entière devait être convertie d’une économie de guerre à une économie de consommation. Les grèves qui avaient été retardées pendant la guerre ont éclaté avec frénésie dans toute l’Amérique. L’inflation menaçait car des millions d’Américains prévoyaient de dépenser des richesses dont ils n’avaient pas bénéficié depuis 1929. Lorsque les soldats rentrent chez eux, ils veulent retrouver leurs anciens emplois, ce qui crée un énorme excédent de main-d’œuvre. Truman, distrait par de nouvelles menaces à l’étranger, doit faire face à des crises supplémentaires sur le territoire national.

Pour soulager les vétérans de la Seconde Guerre mondiale et diminuer le surplus de main-d’œuvre, le Congrès adopte le Serviceman’s Readjustment Act de 1944. Connue sous le nom de GI Bill of Rights, cette loi accordait des prêts gouvernementaux aux anciens combattants qui souhaitaient lancer une nouvelle entreprise ou construire une maison. Elle prévoyait également des fonds pour permettre aux anciens combattants de fréquenter l’école ou l’université. Des milliers d’entre eux en ont profité, et les Américains ont bénéficié du double avantage de soulager le chômage et d’investir dans une main-d’œuvre plus instruite.


Harry Truman a été élu en 1948, un exploit que peu d’experts politiques avaient cru possible. Pour soutenir ses chances, Truman prit les rails et mena une campagne « whistle-stop », prenant la parole dans plus de 200 villes dans les semaines précédant l’élection.

Bien que Truman ait maintenu le contrôle des prix pendant plus d’un an après la guerre, il fut poussé à y mettre fin par le Congrès républicain en 1947. L’inflation est montée en flèche et les travailleurs ont immédiatement exigé des augmentations de salaire. Des grèves se sont rapidement propagées dans toute l’Amérique, impliquant des millions de travailleurs américains.

Le Congrès a adopté la loi Taft-Hartley, qui permettait au président de déclarer une période de « refroidissement » si une grève devait éclater. Les dirigeants syndicaux deviennent responsables des dommages dans les procès et doivent signer des serments de non-communisme. La capacité des syndicats à contribuer aux campagnes politiques est limitée. Truman opposa son veto à cette mesure, mais elle fut néanmoins adoptée par le Congrès.

Des problèmes sérieux subsistaient. Maintenant que l’énergie nucléaire était une réalité, qui allait contrôler les matières fissiles ? En août 1946, Truman signa l’Atomic Energy Act, qui donnait au gouvernement le monopole sur toutes les matières nucléaires. Cinq civils dirigent la Commission de l’énergie atomique. Ils dirigent les utilisations pacifiques de l’atome. Le président est investi de l’autorité exclusive pour lancer une frappe nucléaire. L’armée fut également réorganisée.

Le ministère de la Guerre fut éliminé et un nouveau ministère de la Défense fut créé. Les secrétaires de l’armée de terre, de la marine et de l’armée de l’air étaient subordonnés au nouveau secrétaire à la défense. Le Conseil de sécurité nationale a été créé pour coordonner les départements d’État et de la Défense. Enfin, une Agence centrale de renseignement fut établie pour surveiller les activités d’espionnage dans le monde entier.


Harry Truman gardait ce panneau sur son bureau pour faire savoir qu’il ne « passerait la main » à personne d’autre.

En 1948, Harry Truman devait être réélu. Presque tous les experts politiques de la nation prédisent une victoire du gouverneur républicain de New York, Thomas Dewey. Le parti démocrate était divisé en trois. Outre Truman, Henry Wallace représente l’aile libérale du Parti progressiste. J. Strom Thurmond se présentait comme un candidat sudiste « Dixiecrat » qui trouvait Truman trop libéral en matière de droits civiques.

Truman mena une campagne en train sifflotant à travers le pays, espérant gagner en s’accrochant au Sud solide et en conservant le soutien des syndicats. Il devient également le premier candidat à faire ouvertement campagne pour le vote afro-américain. Contre les prédictions de tous, mais contre les siennes, Truman l’emporte le jour de l’élection. Il avait espéré promulguer un Fair Deal socialement expansif, très proche du New Deal de FDR, mais les démocrates et les républicains conservateurs du Congrès ont bloqué la plupart de ses initiatives.

A propos de la présidence, Truman a écrit :  » Le président – quel qu’il soit – doit décider. Il ne peut pas renvoyer la balle à qui que ce soit. Personne d’autre ne peut prendre les décisions à sa place. C’est son travail. »

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